Premier Chapitre
Paris, octobre 2002Oui, c'était ça qui avait changé. La vie lui semblait moins légère. Amanda de Ronceval, affalée sur son canapé, feuilleta machinalement une revue de psychologie, une de celles qui proposent des tests. Qui ne recrachent que ce qu'on leur a donné en pâture. Oui, elle savait tout de l'effet Barnum, ce biais cognitif qui amène toute personne, même sensée, même critique vis à vis des pseudo-sciences, à prendre pour elle n'importe quel portrait du moment qu'il est suffisamment gratifiant et général. Non, elle ne se laissait pas avoir, à la fin. Mais elle venait une fois de plus de s'y engouffrer avec une certaine gourmandise.
« Ce subtil mélange de conformisme, panaché d'un zeste d'extravagance, est d'un charme ! Pas facile avec vous, car vous nagez en eaux troubles avec une élégance agaçante. Fascinée par tout ce qui brille, vous possédez néanmoins un goût sûr, un diagnostic redoutable. Vous menez rondement les affaires, égratignant gratuitement la faune alentours. Tournée vers les autres surtout s'ils peuvent vous aider à finaliser vos projets ! Un poil opportuniste donc, mais attention, dans la limite de la bienséance. Fidèle à une éthique qui consiste à ne pas se laisser gagner par le malheur ambiant en répandant la joie à tout va. La part d'ombre en vous demeure peu visitée. Il faut reconnaître que vous vous pilotez habilement au milieu de la faune humaine. Il doit même être difficile de ne pas vous aimer, vous ! Vous misez sur la sécurité qu'apporte l'aisance matérielle. Pourquoi l’argent compte-t-il tant à vos yeux ? Soit vous épargnez, soit vous misez lourd, soit, c'est plus rare, vous rêvez de vivre dans un dépouillement zen ...ruineux. Vous serait-il envisageable de laisser apparaître vos vulnérabilités, parfois ? Passé les strass, ça crisse sec en solo. »
Elle se reconnaissait dans le portrait. Au point d'en oublier l'effet Barnum pour admirer la finesse psychologique de l'auteur du test ! Elle s'était fait avoir.
Elle refit le test, en changeant quelques réponses sur lesquelles elle avait hésité et là, elle crut entendre son directeur de thèse :
« Que d’atouts dans votre main ! Vous excellez pour définir les problèmes tout autant que pour envisager des plans de résolution. Vous percevez les choses de façon synthétique, mais sans négliger pour autant les détails qui vous apparaissent dignes d’être retenus. Intuition et méthode, vous essayez de bien utiliser les deux, ce qui n’est guère facile. Prenez garde de ne pas être distraite de cette forme d’examen méticuleux par des éléments qui seraient plus difficiles à contrôler, tels que des émotions par exemple. Les vôtres ou celles des autres. »
Non, ce n'était pas exactement ce qu'il avait dit, mais presque. Il l'avait mise en garde : « Ne confondez-pas thèse de doctorat et vengeance. Les motifs émotionnels biaisent le jugement et trient les informations à notre place ».
Dès sa sortie de Sciences-Po, Amanda avait décidé de faire une thèse sur les terrorismes.
Dans ses moments d'extra-lucidité, elle hésitait sur le classement des raisons qui l'avaient poussée à faire ce choix.
Un, sa meilleure amie avait disparu dans l’attentat du 11 septembre 2001.
Deux, elle trouverait facilement la documentation sur ce sujet d'une actualité brûlante, ce qui lui permettrait de gagner du temps.
Trois, en maniant des concepts, elle virtualiserait la mort dont l'irruption sur son territoire l'avait déstabilisée.
Quatre, elle se sentait une dette. Elle ne culpabilisait pas, non, d'être celle qui avait obtenu le stage à New-York pour son amie. Le hasard seul est maître. Mais elle n'oubliait jamais la leçon de vie numéro un de son père : si on veut avoir du crédit, il faut payer ses dettes. Bien ! Elle paierait sa dette pour réinstaller son équilibre et nager fluidement dans sa vie.
Affalée sur le canapé d'un jaune pisseux que sa mère lui avait refilé, incapable de classer ces quatre raisons dans l'ordre de leur priorité, elle refit le test puis jeta la revue à travers la pièce. Toujours ce même verbiage astucieux et artistiquement flou. Elle pourrait recommencer encore et encore en répondant n'importe quoi, elle s'y verrait toujours. Pourquoi le test ne disait-il pas simplement qu'elle se savait privilégiée, qu'elle l'assumait sans ostentation ni culpabilisation et en profitait avec grâce et élégance ? Elle projetait des gerbes d'énergie autour d'elle en permanence, feignant l'insouciance, pour n'agresser personne, pensait-elle. Mais tout son être représentait malgré elle une agression. Pour les pauvres, les moches, les malheureux et les déprimés.
Son puissant père avait toujours choyé sa fille unique, mais pas trop non plus.
Elle observait depuis l'enfance comment il se comportait, comment se comportait un homme élégant, riche et puissant. Ses aptitudes à imiter ce modèle s'étaient développées au cours des années.
Amanda s'extirpa de son introspection pour décider d'un plan d'attaque pour sa thèse : «Terrorismes islamistes, terrorismes d'extrême gauche et terrorismes d'extrême droite, alliés objectifs pour saper les démocraties et ouvrir la voie aux populismes». Le principe était connu depuis que l'humain existe. Alimenter la peur, peur de l'autre, peur de l'étranger, peur de la mort, etc. pour prendre le pouvoir, qu'il soit politique ou religieux.
Ça crissait sec dans la tête d'Amanda, comme disait le test. Personne ne lui avait demandé de se confronter à un sujet aussi difficile. Le terme d'allié objectif lui-même méritait une thèse à part entière. Comment faire le jeu de l'ennemi par les complicités volontaires ou involontaires entre entités qui ont ou non des affinités ? La résurgence de ce concept de la théorie des jeux dans la sphère politique n'était pas qu'un phénomène de mode, elle reflétait la difficulté d'analyser les mécanismes par lesquels les terrorismes fragmentaient le consensus social et politique dans le monde pour créer un vide, où s’engouffrerait un ordre nouveau dans lequel la majeure partie de l’humanité n’aurait aucune place.
Les violences, elle n'en n'avait jamais subies directement, ni dans l'espace privé, ni dans l'espace public. Son père et le hasard l'en avaient toujours protégée. Dans son besoin d'être la meilleure, si elle voulait grandir, elle devait passer au-delà du mur de violences invisibles qui l'avait préservée.
De cigale, elle se transforma en fourmi.
Elle commença à l'extrême droite, par le parti Valeurs et Probité ou VEP, qui montait dangereusement en France. Sur l'une des seules photos de presse annonçant la création du parti, elle avait identifié Edmond Faucourt, le chef, Ghislaine Debourgis, son très jeune bras droit et un homme flou, de trois quart arrière, dans la pénombre. Seul le lobe de l'oreille en forme de cœur sautait au yeux. Légende : « Bruno Schranz, aperçu à la réunion de création du VEP ». Aucune autre photo de cet homme, cauchemar de tous les services de renseignement. Impliqué dans le trafic d'armes et de drogue, dans le soutien aux terroristes, ancien membre le la loge P2, jamais il n'apparaissait, jamais on ne le coinçait sur le terrain des opérations, comme s'il effaçait ses traces derrière lui en permanence, comme s'il maintenait un certain nombre de degrés de séparation entre lui et le reste des humains.
Amanda se lassa vite de consulter des archives à longueur de journée. Travail contreproductif tant il contraignait sa nature. Se lancer sur le terrain. Mais lequel choisir pour ne pas s'enliser ?
Elle se rapprocha des associations et organismes qui s'occupaient des demandeurs d'asile. Un terrain qui en valait bien un autre. Elle entreprit de recueillir les paroles des déracinés sur les terrorismes qu'ils avaient fui. Travail d'orpailleur. Une microscopique pépite émergeait parfois d'heures et d'heures d'entretiens, longs et nécessaires préambules de mise en confiance. Puis une grosse pépite. À la fin d'une journée épuisante et vaine, la jeune femme rencontra Nour, un étudiant en physique à Kaboul. Il avait été arrêté pour avoir dit publiquement qu'on pouvait bien croire ce qu'on voulait puisque personne n'avait de preuve ni de l'existence de Dieu, ni de sa non existence.
À sa libération, Nour avait rejoint la résistance de Massoud dans le Panjshir, au nord-est du pays. Après avoir repéré une des filières qui approvisionnait en armes les Talibans, il avait guetté pendant des mois pour identifier le trajet et la fréquence des camions, toujours conduits par le même chauffeur, un homme que Nour connaissait pour être au service d'un des grands seigneurs de guerre de la drogue et pour être très vénal. Le jour J, Nour et ses compagnons s'étaient embusqués. Amanda fut bluffée par leur tactique pour arrêter le camion sans tuer ni le chauffeur ni le guetteur et sans se faire tirer dessus. Simple, elle aurait pu y penser : créer un éboulement de pierres sur la piste et utiliser des fusils hypodermiques.
Les résistants étaient repartis avec le camion chargé du butin, direction le maquis. Nour, lui, était resté planqué avec son téléobjectif pour savoir ce qu'allaient faire les deux hommes, une fois réveillés. Il espérait qu'un membre de cette filière insaisissable allait se pointer pour les récupérer en plein désert. Une heure après que le chauffeur eut passé un coup de téléphone, un homme d'origine caucasienne arriva en moto, treillis et débardeur. Les propos échangés semblaient courtois. À ce point de son récit, Nour se mit à trembler. La description de la scène de torture et du plaisir que le motocycliste y prenait glaça le sang d'Amanda, pourtant peu impressionnable. Lorsque les deux hommes, viscères répandues sur la route, ne furent plus qu'un petit tas sanguinolent, l'homme à la moto acheva son travail en les émasculant et en leur crevant les yeux puis il cria, en français: « On ne baise pas Bruno Schranz ».
Schranz, tu dis ! C'est peut-être son factotum qui a crié qu'on ne baisait pas son patron !
Je ne sais pas, Amanda... Après ça j'ai décidé de fuir ce pays maudit. Peut-être le nom de Schranz intéresserait-il l'ambassade de France. J'espérais que l'immigration positive me permettrait d'obtenir le statut de réfugié sans devoir accomplir un parcours du combattant. Je n'avais pas confiance, on ne sait jamais qui finance qui dans mon pays. Je n'ai parlé ni des photos, ni de la vidéo. J'ai mis sur le compte du hasard le fait que je me trouvais là... Les armes du camion étaient françaises ! Je te confie ma carte mémoire, moi je ne peux rien en faire. Tu y trouveras la photo de Schranz, de sa tache rouge dans le creux du coude, et les vidéos qui permettraient de le condamner si on le reprenait sur le fait.
De Schranz ou de son factotum...
...Bon courage. Peut-on se revoir, même si tu as réussi à obtenir de moi ce que tu voulais ?
Bien sûr ! Dis-moi comment je peux t'aider à reprendre tes études de physique.
Tu ne pourras rien faire, je me heurte aux absences d'équivalences...
Tu es très fort en physique ?
Je crois, oui.
Alors j'ai peut-être une idée. Je te rappelle plus tard. Là tout de suite, j'ai hâte de faire cracher cette carte mémoire.
Dès la première photo, Amanda hurla sa joie. Schranz prenait visage sous ses yeux, la forme du lobe de l'oreille, aucun doute. Pas peu fière d'avoir obtenu des matériaux aussi stratégiques, elle se voyait déjà investie d'une mission antiterroriste. Mais la vidéo, trop, c'était trop. La peur fit atterrir brutalement son tapis volant.
Agir seule. Présomptueux. Contacter la police qui depuis si longtemps échouait à mettre la main sur cet individu. Naïf. Elle imaginait sans peine les rendez-vous avec la BRI* ou la DST* : « Merci Mademoiselle et retournez à vos études »... Affranchir son père. Non, catégoriquement. Histoire d'affirmer son autonomie. Partager les documents de Nour avec un journaliste d'investigation pointu sur le terrorisme. Oui, mais lequel ?
Quelques semaines de recherches et de lectures plus tard, la jeune femme découvrit les brillantes enquêtes de la journaliste Gina Guardolini, sur Bruno Schranz à une extrémité du spectre, et sur la résurgence des Brigades Rouges, à l'autre extrémité. Elle avait prouvé que la vague de violence sur l’Italie pendant les années de plomb n’avait pas seulement été due à l’affrontement entre extrême gauche et extrême droite, mais avait été menée de main de maître par la loge P2, (officiellement dissoute depuis plus de vingt ans) et les services secrets italiens, au sein du réseau Gladio, faction italienne de l'opération Stay behind. L'objectif avoué était de parer à une invasion communiste, mais en réalité, il s'agissait de créer un climat d’insécurité pour favoriser la mise en place d’un régime réactionnaire. Pour comprendre cette situation, il fallait remonter en 1945, quand pour mettre en place un réseau d’espionnage en Allemagne en cas d’invasion de l’Europe par l’URSS, les services secrets américains avaient recruté, entre autres, des officiers nazis restés en Allemagne. Un grand nombre d'entre eux s'étaient recyclés dans les plus hautes administrations européennes. Les brigades rouges comme la loge P2, officiellement mortes, ne l'étaient pas vraiment. La volonté de saper la démocratie était toujours latente.
Depuis quelques années, l'autocensure semblait ramper dans les écrits de la journaliste. Un comportement si peu conforme avec l'engagement de cette femme intrigua Amanda. Il fallait qu'elle la rencontre. À tout prix. Elle seule était digne de recevoir l'offrande de ses informations.
Une semaine de ruses plus tard, Amanda parvint à convaincre l'agent de Madame Guardolini à Paris de lui communiquer son numéro de portable. Le premier échange téléphonique avec la journaliste l'avait vexée. Celle-ci la prenait pour une illuminée, pour une jeune cavale en mal d'émotions fortes. Elle lui avait fait passer un véritable grand oral : pourquoi un tel sujet de thèse, trop vague et trop vaste, comment s'était-elle procurée des photos de Schranz, ce terroriste qui ne se montre jamais, comment était-elle sûre que c'était lui ?
La curiosité de journaliste l'avait emporté. Gina avait accepté de rencontrer Amanda à Rome.
En regardant la vidéo de Schranz, Gina sentit monter dans sa bouche le goût d'amande amère, cette sensation gustative de la peur. La voix rauque, beaucoup plus terrifiante que séduisante - ce fantasme sur les voix rauques l'exaspérait – qui l'avait menacée de mort huit ans plus tôt, s'incarnait sur l'écran. Le silence se prolongeait, comme si les deux femmes étaient restées perdues dans le désert, anéanties par la violence indicible.
Gina reprit enfin le contrôle de ses émotions et demanda l'autorisation à Amanda de transférer les documents à l'un de ses bons amis de la DST, en charge d'infiltrer le VEP. En journaliste soucieuse de la protection de ses sources, elle promit de ne pas révéler l'origine de ces photos pour ne pas mettre Amanda en danger. La rencontre d'une énergie et d'un militantisme scella l'amitié entre les deux femmes.
En rentrant de Rome, Amanda bloquait une fois de plus devant sa thèse. L'attente dans le non-agir lui était si contraire qu'elle inhibait ses capacités de réflexion. Mais agir pour agir n'était pas une option non plus. Que pourrait-elle pêcher de plus gros que Schranz ? Pause.
Elle décida de s'occuper de Nour. Il pouvait s'inscrire comme étudiant étranger au concours de l'ENS*. Il avait six mois pour s'y préparer. S'il était bon et qu'il était reçu, c'était une garantie d'être payé pendant quatre ans et de pouvoir se passer d'autres équivalences. S'il s'était surestimé, tant pis pour lui. Elle l'aida à faire les démarches et à remplir les papiers.
Après avoir payé cette dette – leçon numéro un de son père – l'envie lui prit de retrouver un peu de légèreté, sa leçon de vie à elle. Elle alla passer deux ou trois jours en Sologne, à Nouan-le-Fuzelier chez les Naudrin, des amis de ses parents qui la traitaient avec tant de bienveillance. Leur propriété, charmante et fleurie était située à l’entrée du village dans un ancien corps de ferme rénové. Même si Amanda ne s'arrêtait pour les voir qu'une fois de temps à autre, sur le chemin des vacances, elle était toujours aussi bien accueillie. C’était dans ce havre de paix et de calme qu'elle avait révisé le concours de Sciences-Po, plutôt que dans le château paternel du Lot, où elle rencontrait bien trop souvent les maîtresses de son père au petit déjeuner, empestant les effluves de la nuit et bien moins fringantes qu'à leur arrivée en mode conquérantes, coiffées, maquillées, estampillées du prix de leurs vêtements, même si l'étiquette en avait été enlevée.
À son arrivée en Sologne, Amanda ne reconnut rien. A peine eut-elle le temps de se demander pourquoi qu'elle réalisa qu'elle n'était jamais venue en automne. L'explosion des couleurs donnait de la joie de vivre et du relief au paysage, habituellement monotone à force d'être trop vert et trop plat.
Le père d'Amanda était régulièrement invité à chasser sur les propriétés de ses riches connaissances de la région. Un jour, sa jaguar avait eu un problème au moment où il s'apprêtait à regagner Paris. Monsieur Naudrin l'avait remorquée dans son garage et l'avait réparée, un dimanche. Bon chasseur, garagiste et conseiller municipal, il voyait la vie des gens à travers leurs déboires mécaniques. Amanda lui redemandait sans cesse de lui raconter encore et encore comme un enfant qui voudrait retarder le moment d'aller se coucher. La philosophie de cet homme abolissait la lutte des classes ; la Rolls en panne, la Renault économique en panne ou le tracteur en panne plaçaient les conducteurs sur pied d’égalité : « Mon royaume pour un garagiste ! ».
Depuis la panne de la jaguar, chaque fois qu'il allait à la chasse, Monsieur de Ronceval s'arrêtait pour discuter avec Monsieur Naudrin et parfois allait chasser avec lui plutôt qu'avec les députés ou les présidents. Parce qu'il était comme ça, Monsieur de Ronceval, il était si important qu'il cherchait une personne bienveillante à qui parler pour se reposer du pouvoir et des soucis. Monsieur Naudrin, de son côté, considérait que les gens qui ont de l'argent ou du pouvoir sont des gens comme les autres et ceux qui le respectaient, il les respectait en retour.
Un jour, son père raconta à Amanda que Monsieur Naudrin lui avait demandé : « Comment ça se fait que vous prenez plaisir à vous promener dans les bois avec un petit mécano comme moi ? Quand je vois les gens chez qui vous êtes invités, à côté de moi...ça me paraît bizarre ». Monsieur de Ronceval avait répondu : « Si vous saviez comme je me repose, comme je me détends avec vous. Tous ces gens, ce sont des peigne-culs ; ils m'invitent généralement, à part quelques rares exceptions, pour me demander des services. Vous, vous ne me demandez jamais rien, jamais ! C'est vous qui me rendez service.» Monsieur de Ronceval conclut: « Tu vois Amanda, Monsieur Naudrin, c'est la seule personne à qui j'ai raconté toute ma vie, sans rien omettre. Si je meurs et que tu regrettes de ne pas en avoir plus appris sur moi, tu pourras lui demander et il ne te dira rien, c'est pour ça que je me suis confié à lui.»
Oui, il était comme ça, Monsieur de Ronceval, il adorait faire enrager sa fille unique qu'il adorait.